Abordés en conclusion de la formation, les dispositifs dits de « machinerie d’effets » sont l’aboutissement du processus d’acquisition de compétences des apprentis machinistes constructeurs.
Produire ces effets nécessite une bonne maîtrise de la machinerie de la cage de scène, dont les potentialités sont combinées au service des nécessités du spectacle. Le service pédagogique du CFA des Métiers du Spectacle, dirigé par José Garcia et sa section machiniste/constructeur coordonnée par Yann Ullerich a choisi de construire cette étape finale autour du tambour à dégradation.
Sur la base d’un croquis proposé par le scénographe Jean-Pierre Demas, un dessin technique a été réalisé par notre référent DAO/CAO Gérard Lecomte sur Autocad® et Inventor®. L’objet final a été construit par Olivier Diacci, après que les apprentis en ont réalisé une maquette. C’est Pierre Haderer, Directeur Technique de la Comédie de Valence, qui a conçu et animé cette proposition.
Ce fut l’occasion aussi pour les apprentis de partager le point de vue et l’expérience d’un professionnel en exercice : énoncer les exigences, conseils, astuces et anecdotes… Le témoignage de nombreuses années de pratique du plateau avec tout ce que cela sous-entend comme compétences, tant dans la diversité que dans la créativité. Il nous apporte dans cet entretien des précisions importantes.
Quels étaient les enjeux principaux et le cahier des charges de cette séquence de formation ?
Les apprentis machinistes/constructeurs ont mis à l’épreuve leurs connaissances théoriques pour imaginer et mettre en place un effet de vol combiné de deux objets.
Le cahier des charges imposait deux points essentiels :
- Manipulation simultanée de 3 commandes différentes avec seulement 2 machinistes
- Ne pas utiliser d’échelle, tour ou nacelle pour les réglages (gain de temps et évite le travail en hauteur dangereux).
Ce fut une excellente occasion pour eux de revoir les fondamentaux de la machinerie : les moteurs, les mouflages, les accroches, les suspentes, les nœuds, les méthodes de calcul, de montage ou démontage, les protocoles de vérification, de manipulation, la gestion du temps sur une tournée…
Pouvez-vous nous décrire le principe du tambour à dégradation ?
Le dispositif des tambours à dégradation, trop souvent oublié, a permis de résoudre bien des problèmes de machinerie très complexes avant l’apparition des moteurs. Ils pouvaient aussi bien servir dans les cintres pour l’élévation d’éléments de décors, de gloires, l’ouverture de rideaux à la française par exemple, que dans les dessous de scène pour le tirage de chariots de costières ou l’élévation de tampons d’apparition.
… et nous préciser ses avantages ?
Le principal avantage des tambours est de permettre à une seule personne de manipuler plusieurs points à la fois à des vitesses différentes en jouant sur des diamètres d’enroulement distincts. Un contrepoids, venant s’enrouler à l’inverse des autres brins, va venir créer un équilibre parfait pour éviter tout effort lors des manipulations. Un exercice d’équilibre des moments de forces s’impose pour dimensionner la valeur du contrepoids, preuve que les notions théoriques doivent aussi être les outils du machiniste.
Cet épisode a été l’occasion rêvée d’utiliser un tambour fabriqué au CFA et d’évoquer toute la palette des possibilités qu’il propose.